"Vous avez la possibilité de choisir votre musique..."
Have Fun !



  


PREAMBULE

      La nouvelle venait d'arriver il n'y avait pas cinq minutes que déjà tout le château était en pleine effervescence : Alador s'était invité ainsi que tout son équipage à venir passer quelques jours de vacances sur ton île pour le soir même.

Durée du séjour ? indéterminée !
"Entre huit et dix jours" avait-il dit, mais de mémoire de farfadet personne n'avait jamais vu Alador se tenir à pareille échéance lorsqu'il était parti en vacances...

Ainsi, en ce beau matin d'été, Toi Willem le Gaucher, maître du château et souverain de la contrée allais devoir superviser tous les préparatifs afin de recevoir dignement ce vieil ami de trente ans.

Ce ne fut pas chose aisée que de mettre tables et couverts en ordre de bataille, tentures et tapisseries au garde-à-vous, draps et serviettes en formation de combat... Le moindre farfadet voulait donner son avis sur le moindre détail or, comme il y avait autant d'avis que de farfadets, on entendait ici et là éclater des bagarres dantesques! Courant d'écuries en cuisines, de salons en bibliothèques, de caves en greniers afin d'arbitrer les différents tu avais fini la journée sur les genoux et surtout avec un niveau de mana magique très faible. C'est qu'il avait fallu en jeter des forgets, des dispels et des mendings pour, d'une part, régler les différents et, d'autre part, réparer les dégâts...

Enfin, au terme d'une journée harassante, tout était prêt. Château et corps de garde rutilaient comme jamais, la réserve regorgeait de nourriture et tout le personnel avait été mis au pas ! Ainsi, quand vint l'heure d'arriver du-dit invité, c'est avec un certain soulagement que tu notas son regard admiratif au fur et à mesure qu'il s'avançait dans l'allée centrale du château...

Du prétendu équipage qui devait suivre Alador il n'y avait qu'un et un seul farfadet portant le maigre bagage de ton hôte. Bagage qui d'ailleurs se résumait à un vieux sac en toile rapiécé maintes fois et dont les petits carreaux écossais délavés par le temps portaient encore la cicatrice des fils de lin... Jetant un regard interrogatif sur le farfadet "Marcel" qui se tenait avec toi, à ta gauche en haut du perron, tu n'eus pour toute réponse qu'un haussement silencieux d'épaules, bras écartés et paumes tournées vers le ciel le tout étant accompagné d'une moue dubitative et d'un mouvement de la tête indiquant clairement que lui aussi ne comprenait pas... C'était pourtant lui le responsable de toute cette débauche de faste puisqu'il avait été le premier à propager la nouvelle de l'arrivée du Grand Maître Alador. Des mille chevaux et des cinq cents "farfadors" annoncés, il n'y avait que ce vieillard à la robe blanche poussiéreuse suivi d'un farfadet chétif que le poids du sac qu'il portait en bandoulière tordait comme un vieux chêne. Tu l'aurais bien étranglé sur le champ le "Marcel", mais voilà, cela aurait fait mauvais genre et tout était si parfait que tu préférais remettre à plus tard des explications qui ne manqueraient pas d'être houleuses...

Le repas se déroula dans la bonne humeur que se doivent d'avoir deux amis qui se retrouvent. Le manège des farfadets, qui consistait à défiler les uns derrière les autres pour glisser furtivement la tête dans l'entrebâillement de la porte afin d'apercevoir le Grand Maître, ne manqua pas de provoquer quelques regards ou sourires complices entre vous deux. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que le capitaine de la garde entre dans la pièce afin de t'informer qu'un étranger se trouvait aux portes du château et qu'il demandait l'hospitalité pour la nuit. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait car dans la région tout le monde savait combien tu pouvais te montrer bon avec les voyageurs de passage. Aussi, régulièrement, on tapait à ta porte pour obtenir tantôt un abri provisoire, tantôt un couvert voire comme c'était le cas ce soir, les deux à la fois. D'habitude, tu donnais des ordres pour que l'on serve en cuisine un repas chaud à ces hôtes inopinés mais Alador insista lourdement pour que l'étranger vienne s'installer à votre table. "Il y a tant d'abondance qu'il serait regrettable de ne pas en faire profiter le malheureux qui cherche pitance " avait-il déclaré tout en ajoutant "et puis converser à trois est souvent plus riche en enseignements que de parler à deux". C'est sûr que depuis qu'Alador était arrivé vous n'aviez entretenu la conversation qu'à deux étant donné que, suite à "l'affaire Marcel" les farfadets avaient ordre de ne pas piper mot sous peine d'excommunication immédiate dans le royaume des lutins... De plus, le "farfador" qui servait d'homme de compagnie à Alador, était autiste ou quelque chose dans le genre puisqu'il se contentait de suivre son maître quand ce dernier se déplaçait et que chaque fois que son Maître s'installait dans une pièce, ce serviteur docile allait systématiquement se recroqueviller dans un coin de la salle, bras enserrant les tibias et commençait alors un balancement symptômatique qui, depuis le début du repas, n'avait toujours pas cessé. Alador te l'avait présenté comme la meilleure encyclopédie vivante connue à ce jour puisque chaque fois qu'on lui donnait un mot, une phrase ou un nombre quelconque, il déblatérait une série d'ouvrages, de définitions ou de citations ayant trait au sujet. Pratique quand on cherche la signification de la "Méladoline" mais un peu limité pour la conversation, non ? D'autant que ce génie de l'archivage encyclopédique sortait tout en vrac, charge à l'auditeur de faire le tri dans toutes les références annoncées...